Les carrières d’ardoise d’Avrillé

Situé sur une veine de schiste qui s’étend de Juigné-sur-Loire jusqu’au-delà du Segréen, Avrillé est l’un des premiers centres d’exploitation de l’Anjou. Selon les historiens, l’extraction du schiste aurait commencé vers le XIIe ou XIIIe siècle, à l’ouest de la commune, sur le site de l’Adézière. Dans des excavations à ciel ouvert peu profondes, on extrait surtout des blocs de schiste pour construire. Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que débute l’exploitation industrielle à Avrillé.

1815, les débuts de l’exploitation industrielle

La production d’ardoises de couverture commence en 1815. Une carrière à ciel ouvert est alors creusée –« foncée » diraient les ardoisiers – près de l’actuel Lac Bleu, par la société La Planche. Très vite, des difficultés, notamment financières, apparaissent et se répètent. Les sociétés se succèdent : La Désirée en 1820, puis Les Bois en 1842.

La première machine à vapeur installée dans une carrière angevine, en 1829, l’est à Avrillé. En 1830, la production atteint 7 500 000 ardoises pour 172 employés (*)… et 82 chevaux, ânes, etc. Accidents, effondrements et incidents se succèdent et en 1847, un éboulement conduit à l’arrêt de l’activité.

(*) production qui paraît semblable à celle d’autres carrières

1894, l’activité reprend après 50 ans d’arrêt

Sous le nom de La Renaissance, une nouvelle société relance l’exploitation, d’abord à ciel ouvert puis en souterrain, sur l’emplacement actuel du stade Delaune. Cinq puits seront foncés. 332 personnes travaillent à la production en 1904 dont 145 ouvriers du fond, 153 fendeurs et 34 manœuvres. Là encore, les accidents sont nombreux, dont celui du 25 janvier 1905 où la rupture du câble supportant une benne provoque la mort de 15 ouvriers. Le personnel refuse alors de reprendre le travail, des incidents éclatent, des dommages sont causés aux installations malgré la présence de gendarmes. Ce n’est que début avril que le conflit prend fin.

En 1914, le déclenchement de la première guerre mondiale entraîne l’arrêt de l’activité, les hommes partant au front. A l’issue du conflit, des tentatives de relance s’avèrent infructueuses. La société La Renaissance est dissoute en 1927, c’est la fin des ardoisières d’Avrillé.

Le drame du 25 janvier 1905

A la fin de leur journée de travail, les ouvriers « d’à-bas » (*) du puits n°4, qui descend à – 208 m, regagnent la surface. Deux groupes sont déjà remontés, un troisième, de 15 carriers, monte dans la benne. La remontée commence, et soudain le câble supportant la benne se rompt ; celle-ci entame alors une chute libre de 140 m, car le dispositif de sécurité se déclenche trop tard. Pour les ouvriers qui attendent leur tour, au fond du puits, c’est l’horreur ! Ils ne voient que des corps déchiquetés. Sur le carreau où accourent les familles, c’est la consternation et l’angoisse. Les obsèques des victimes, dont 5 Avrillais et 10 Angevins, ont lieu le 27 janvier, en présence de 6 000 personnes. La presse locale, bien sûr, mais aussi la presse nationale relatent ces douloureux évènements.

(*) nom donné aux hommes travaillant au fond

Le Lac Bleu

Témoin, toujours présent, de l’activité ardoisière, cette ancienne carrière à ciel ouvert a été réquisitionnée en 1919 pour y immerger un important stock de munitions devenu inutile à la fin de la guerre. L’oxydation du cuivre donne à l’eau une couleur bleutée, d’où le nom donné à ce vieux fond. Malgré des opérations régulières de dépollution, la remise en état du site sera de longue haleine, bien que l’occupation du lieu devait être temporaire…

Les rues d’Avrillé se font l’écho de ce passé ardoisier

La Planche, La Désirée, Les Bois, La Renaissance : ces voies ont été baptisées des noms des sociétés d’exploitation de l’ardoise aux 19e et 20e siècles.

 

Claude Lepin – juillet 2018

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